La fin du plastique n’est pas encore pour demain…
Chaque année, il se déverse dans les océans 4 à 11 millions de tonnes de ce matériau symbole de la société du tout jetable, selon les estimations.
Et si la production mondiale a reculé de 0,3 % l’an passé, en raison du ralentissement économique induit par la pandémie, pour atteindre 367 millions de tonnes, elle repart… déjà à la hausse, laissant présager de nouvelles pollutions, malgré les tentatives de réduire le recours aux dérivés du pétrole dans de nombreux secteurs.
Designers, stylistes et architectes mais aussi ingénieurs et scientifiques en pleine crise de conscience environnementale se sont lancés à la recherche des matériaux éco-conçus et de performance équivalente.
Et c’est dans la matière organique (on dit aussi «biosourcée») et vivante qu’ils trouvent le sel d’une vie plus durable pour toutes sortes d’objets.
«Le propre du designer, c’est d’aller chercher quelque chose et le placer où on ne l’attend pas »
Les matériaux biosourcés.
Conscients de cet enjeu environnemental crucial, industriels et designers développent de nouveaux matériaux biosourcés, issus du milieu végétal ou des rejets de l’océan.
Fabriqués à partir d’algues, de feuilles de bananier, de liège, ces composites innovants sont capables de reproduire les propriétés techniques et esthétiques l’empreinte carbone en moins.
Design et matériaux naturels.
Plus sains car réalisés sans adjuvants chimiques, souvent le fruit de circuits courts, ils présentent aussi l’avantage d’être recyclables à l’infini.
Coquillages, champignons, fibres végétales, restes alimentaires… créateurs comme industriels explorent les potentialités écologiques et techniques des matériaux biosourcés. Un véritable laboratoire de créations et d’expérimentations.
AtelierMAD recherche des solutions durables afin d’obtenir une réponse pertinente à la demande grandissante sur l’impact de la création et de la réalisation sur notre environnement.
Fabric Forest, le nouveau fil de bois écolo
Nouveau textile totalement biodégradable réalisé à partir de bois, Fabric Forest a été mis au point en 2018 par AB Svenskt Konstsilke, société suédoise fondée en 1918, qui donne habituellement plutôt dans les fibres synthétiques.
Grâce à cette technologie unique, l’entreprise produit désormais un fil qui peut être tissé de manière industrielle, à partir de papier issu de forêts suédoises éco-sourcées. Ce procédé de fabrication requiert une très faible quantité d’eau et affiche le plus bas taux de composés chimiques de toute l’industrie textile. On l’aura compris, l’ensemble a une très faible empreinte carbone.
Cork Inside, une seconde vie grâce au liège
Matériau 100 % naturel et recyclable, le liège a de nombreuses propriétés formelles et isolantes.
Le producteur de bouchons de liège portugais Amorim Cork Composites a fait le choix d’incorporer dès 2018 ce produit issu de l’écorce d’arbres à un mix de matériaux recyclés (essentiellement du plastique) provenant d’autres industries.
Une façon d’assurer une seconde vie aux déchets et de conférer de nouvelles propriétés au liège, écologique par nature. Rien ne se perd, tout se transforme de manière vertueuse.
Le Bananatex, les vertus du bananier
Après avoir expérimenté le chanvre, le bambou ou le lin, la marque de sacs Qwstion, cherchait une nouvelle fibre naturelle avec des propriétés techniques.
En 2018, elle met au point un éco-tissu technique fabriqué à partir de fibres de bananier. Sans avoir recours à aucun pesticide, engrais ou apport supplémentaire en eau, sa culture est autosuffisante et permet même la reforestation de certains hauts plateaux philippins.
Alternative durable aux matières techniques synthétiques, Bananatex® a remporté le Green Product Award 2019, le prix du Design suisse en 2019-2020 et le Sustainability Award allemand 2021.
Compo’Plume
Compo’plume est née, de l’amour de du badminton mais surtout l’envie de créer une matière écologique pour réutiliser les volants de badminton usagés.
C’est pourquoi chez compo’plume leur mission est de faire des déchets atypiques, de nouveaux matériaux techniques et durables. Les produits qu’ils proposent ont une apparence unique qui ne se retrouve nulle part ailleurs.
MarinaTex, du plastique aux algues
Bioplastique réalisé à partir de déchets marins, MarinaTex a été développé par Lucy Hughes à l’université du Sussex.
C’est en s’intéressant à la peau et aux écailles des poissons, parmi les déchets des pêcheries et poissonneries, que l’étudiante prend conscience de leurs propriétés plastiques.
Après une centaine d’essais, Lucy Hughes met au point une alternative compostable au film plastique à partir d’agar-agar, substance naturelle présente dans les algues marines rouges, et de restes de poissons. Résistant, flexible et quasiment transparent, il vise à remplacer le plastique à usage unique, en particulier dans les emballages.
Dès 2019, MarinaTex était lauréat du James Dyson Award, valorisant l’innovation et le design au service du monde. Grâce à un fonds de l’Union européenne, le matériau est actuellement en cours de développement à une échelle industrielle : transformé à basse température, il permet, en plus, d’économiser de l’énergie par rapport à la production du plastique.